Date de rapport 02-02-2024

De nos jours, les produits cosmétiques à base d’agroressources sont de plus en plus recherchés par les consommateurs pour un usage au quotidien. De ce fait, les chercheurs portent un intérêt grandissant pour la valorisation des agroressources à leur disposition afin de mettre en évidence de nouvelles innovations en cosmétique mais également dans les domaines pharmaceutiques, alimentaires ou environnementaux. Dans ce contexte, le projet InTiCosm a pour objectif le développement de composés biosourcés, appelés « cargos verts », ainsi que leur évaluation en vue d’une utilisation dans le domaine de la formulation de produits cosmétiques. Ce projet de recherche collaboratif transfrontalier fait intervenir l’Université de Liège (Gembloux AgroBioTech), Vivasciences, Greenwin et le Centre de Recherche Certech en Wallonie, l’Université de Gand, Catalisti et le centre de technologie Vito en Flandre, l’Université de Reims Champagne-Ardenne, l’Université de Lille, l’association de diffusion scientifique Accustica et le pôle de compétitivité B4C en France. Le projet InTiCosm participe à la volonté commune des partenaires impliqués de collaborer en tant qu’acteurs transfrontaliers dans le domaine de la bioéconomie pour la cosmétique. En chimie, les cargos sont des réservoirs de tailles modulables pour le transport de molécules, utilisables par exemple pour transporter des principes actifs en pharmacie ou des agents de contrastes en imagerie médicale. Dans le projet InTiCosm, les « cargos verts » sont des polymères ou des dendrimères synthétiques bio-sourcés, dont les matières premières sont issues prioritairement des bioraffineries de la région franco-belge (notamment la plus grande bioraffinerie d'Europe à Pomacle-Bazancourt près de Reims, et le plus gros producteur de bio-éthanol belge, BioWanze, en Wallonie). Durant le projet, la synthèse de ces nouveaux cargos verts a été développée en respectant les principes de chimie verte, c’est-à-dire en diminuant toujours plus les quantités de solvants et le nombre d’étapes de synthèse utilisées. Par ailleurs, les contraintes réglementaires et les coûts associés ont également été pris en compte pour asseoir la compétitivité des nouvelles formulations cosmétiques par rapport aux composés pétro-sourcés existants sur le marché. Les nouveaux cargos ont été conçus pour présenter des propriétés d’encapsulation et de relargage sélectif de cosmétiques selon le milieu considéré (pH de la peau, par exemple) ou la température. Utilisés en formulation cosmétique, ils ont permis d’encapsuler des principes actifs (anti-oxydants, par exemple) afin de les stabiliser dans le temps et/ou vis-à-vis de l’oxydation de l’air. Ce pouvoir d'encapsulation a été étudié par des méthodes de pointe, de même que la toxicité des cargos, ce qui a permis d'établir un canevas structure/réactivité qui a conduit au choix de quelques-uns (les plus efficaces et les moins coûteux) qui, après passage de la synthèse à plus grande échelle, pourront ont être testés auprès d'industriels de la zone INTERREG France-Wallonie-Flandre. Les différentes études ont été réalisées dans le cadre de deux thèses. La première impliquait les universités de Reims et de Liège et concernait la préparation et l’évaluation de nouveaux dendrimères pour l’encapsulation de la vitamine C, notamment. En parallèle, Vito a étudié et testé la préparation par voie enzymatique de ces dendrimères et a pu développer d’autres anti-oxydants performants par voie enzymatique en valorisant un composé bio-sourcé. La seconde thèse réalisée entre l’université de Lille et l’université de Gand a permis la préparation de polymères biodégradables ensuite utilisés dans différentes formulations cosmétiques. Ces composés ont démontré leur capacité à stabiliser des émulsions cosmétiques selon différents critères de concentration et de température. Plusieurs types de crèmes cosmétiques (BB crème, crème auto-bronzante, …) ont été fabriqués grâce à ces polymères stables et éco-compatibles. Le centre de recherche Certech a joué un rôle majeur dans la préparation de ces nouveaux cargos verts et de ces nouveaux polymères, en démontrant la faisabilité de la synthèse en flux des dendrimères et des polymères, ce qui ouvre la voie vers une montée en échelle pour leur production. Le projet Intiscom a donc permis une recherche multi-acteurs avec des compétences complémentaires et transfrontalières. Il ressort de ce projet de nombreuses publications et communications scientifiques à destination des communautés de recherche du domaine, qu’elles émargent ou non dans le périmètre Interreg France-Wallonie-Vlaanderen, qu’elles dépendent du monde académique (enseignement supérieur) ou du monde industriel. Il est possible également de citer les actions de communication sur le territoire à destination du grand public. Ainsi, de nombreuses communications vers les scolaires ou le grand public ont été réalisées notamment via les partenaires associés Accustica et Vivasciences, ou via les services dédiés des Universités ou centres de recherche impliqués. L’exposition itinérante présentant le projet a par exemple attiré plus de 300 personnes et les visites scolaires ont accueilli plus de 130 personnes au cours des différents ateliers. Par ailleurs, le projet a permis d’établir des contacts industriels, notamment grâce aux interactions avec le partenaire associé B4C, mais aussi via les laboratoires de recherche concernés. Certains contacts sont toujours actifs et donnent lieu à des perspectives de recherche et de valorisation. Le montage d’une Start up basée à Lille est ainsi envisagé. Les résultats particulièrement prometteurs ont fait l’objet d’une étude de brevetabilité par la SATT-NORD afin d’évaluer la possibilité de déposer un brevet mais un autre brevet déjà déposé n’a pas permis d’aller plus loin. La SATT-NORD a toutefois approché plusieurs industriels, intéressés mais souhaitant avoir plus de résultats avant de se positionner. Les travaux seront donc poursuivis, notamment grâce à l’obtention d’un CDD « ingénieur de recherche » de 2 ans dans le cadre du CPER. La description du projet, des résultats et des perspectives sont à découvrir sur les sites internet Inticosm : un site internet en français (https://www.univ-reims.fr/minisite_183/), un site internet en néérlandais (https://www.univ-reims.fr/minisite_184/) et un site internet en anglais (https://www.univ-reims.fr/minisite_185/). Une fiche récapitulative du projet sera également mise en ligne dans le courant de l’année 2024 par le pôle de compétitivité Cosmetic Valley.