SAPOLL, merci pour nos butineuses !
Les abeilles, c’est joli, mais pas que ! Saviez-vous que 75% de l’alimentation mondiale dépend de ce petit insecte, selon un rapport de Greenpeace en 2016 ? Plus globalement, 60 à 80% des plantes sauvages ont besoin de ce qu’on appelle les « pollinisateurs » pour se reproduire. On pense tout de suite aux abeilles, dont la disparition alarmante est évoquée ces dernières années, mais ce groupe rassemble aussi les mouches, les papillons et les bourdons.
SOS abeilles en danger
Les « visiteurs de fleurs » comme on les appelle, récoltent du pollen sur les arbres et les plantes, qu’ils disséminent ensuite ailleurs. Un processus sans lequel il n’y aurait plus de pommes, de cerises, de courgettes, de noix etc. En somme, moins de biodiversité, moins de nourriture !
Le projet SAPOLL, SAuvons nos POLLisinateurs, soutenu par Interreg, estime qu’il existe entre 350 et 400 espèces d’abeilles sauvages dans la région transfrontalière France-Wallonie-Flandre. Celles-ci, comme le reste des pollinisateurs, sont menacées par le changement climatique, et les pesticides chimiques qui les tuent et impactent leur reproduction. Près de la moitié des abeilles belges est en voie d’extinction, d’après le rapport du projet BELBEES (observation de leur répartition entre 1900-1969 et 1970-2017).
Les pollinisateurs ne peuvent pas survivre sans le maintien de leurs plantes nourricières et leurs habitats de nidification. Le maintien de milieux naturels est donc primordial pour leur protection et conservation.
Pollinisateur belge et français, même combat
Pendant 4 ans, SAPOLL s’est engagé à sauver ces petites butineurs et butineuses avec des actions concrètes. Le département du Pas-de-Calais en France, fauche par exemple les routes en laissant davantage de verdure, et sème des fleurs pour les nourrir. Les communes wallonnes, n’utilisent quant à elles plus d’herbicides aux abords des routes et de fauchent qu’une fois par an.
En impliquant les citoyens du territoire de part et d’autre de la frontière, SAPOLL a appuyé la mise en place de près de 1 000 refuges. Et pas qu’à la campagne ! 56 à Bruxelles, une cinquantaine près de Calais, et une quinzaine aux abords de Courtrai. Le grand public, à la mesure de ses moyens, a pu mettre en place une action pour sauver les pollinisateurs : conserver un talus, installer un hôtel à insectes, laisser du bois mort, créer une mare, planter des fleurs… À condition bien sûr de ne pas utiliser de pesticides chimiques, et de respecter une charte prédéfinie.
Comme il est difficile de comprendre ce dont ont besoin ces insectes et la manière dont ils fonctionnent, SAPOLL a organisé des formations de sensibilisation, dont 580 professionnels et amateurs ont bénéficié. Une exposition transfrontalière itinérante a même été créée, touchant près de 25 000 personnes à travers le territoire. Un succès auprès du public !
Et pour lier la théorie à la pratique, rien de mieux que la science participative. Spécialistes et volontaires ont été invités à observer un espace près de chez eux, pour reconnaître et recenser les espèces. Ces observations précieuses ont été compilées dans une base transfrontalière, rassemblant aujourd’hui près de 850 000 données scientifiques ! Elles permettent notamment de répertorier géographiquement les pollinisateurs, d’en savoir plus sur leur comportement, et d’identifier les zones d’action prioritaires.
Bzzzz, on se mobilise
Jusqu’alors, sans la coopération transfrontalière, il était difficile d’établir une expertise sur le sujet. Les données étaient conservées de part et d’autres des territoires, rendant l’évaluation générale impossible, et freinant, de ce fait, les actions ciblées. Certains territoires comme les Hauts de France et la Flandre avaient par exemple une expérience sur la sensibilisation des publics, contrairement à la Wallonie. Les disparités en termes de compétences scientifiques posaient également problème.
Bien que la sauvegarde des pollinisateurs soit soumise aux contraintes locales, ce projet a assuré la mise en place de programmes de conversation cohérents sur le territoire.
Le projet devrait être mis à l’honneur lors de l’exposition des 30 ans d’Interreg au Parlement européen, en juin prochain.
Vous êtes sensible à la cause de ces petites bêtes ? Impliquez-vous ! Pas besoin d’avoir un grand jardin, sauvez les pollinisateurs est à la portée de tous et demande peu d’efforts. Vous pouvez par exemple créer une balconnière en disposant quelques plantes aromatiques sur le rebord de votre fenêtre, pour attirer les butineurs. Si vos choisissez la lavande, vous attirerez davantage les papillons et les abeilles, la sauge, au contraire, est adorée des bourdons…
Si vous avez peur de mal faire, pas d’inquiétude ! Des fiches pratiques sont en ligne sur le site de SAPOLL, pour vous accompagner pas à pas.
Plus d’informations sur le projet : http://sapoll.eu/
Avec le soutien du Fonds européen de développement régional