Date de rapport 15-12-2021

Entre 2016 et 2020, le projet “Terre en Action” fut l’occasion d’expérimenter une nouvelle façon pour des institutions de collaborer et de travailler sur la participation citoyenne. Dans une logique de “bottom-up”, les opérateurs se sont positionnés comme accompagnateurs auprès des associations, des groupes d'habitants ou toute autre démarche collective. Du sur-mesure pour faire aboutir des projets citoyens en faveur du cadre de vie et de la nature : cultiver un jardin collectif, aménager un espace convivial dans son quartier, agir pour la nature près de chez soi, etc. L’équipe de ce projet s’est formée et a diffusé de nouvelles pratiques pour construire et mener des projets de manière plus collaborative. Il s’agit de se familiariser avec d’autres postures, d’utiliser des méthodes du “faire-ensemble” et de tester des outils numériques. “Terre en Action” fut un projet fédérateur mené par cinq opérateurs mettant à profit leurs compétences complémentaires : le Parc naturel régional Scarpe-Escaut (F) et le Parc naturel des Plaines de l'Escaut (B), la Mission Bassin Minier (F), Espace Environnement asbl (B) et le CRIE de Mouscron Coop TIC (B). Ce projet transfrontalier fut cofinancé par l'Union européenne ainsi que par la Région Wallonne dans le cadre du programme Interreg V France-Wallonie-Vlaanderen. Le premier axe du projet a poursuivi trois objectifs : Faciliter l'émergence d'initiatives locales en faveur du cadre de vie portées par des habitants Accompagner ces habitants pour mener à bien leur projet et les encourager à passer à l'échelle transfrontalière Valoriser ces initiatives auprès du grand public et des décideurs dans leurs démarches et leurs résultats Deux appels à initiatives citoyennes consécutifs ont encouragé une trentaine de collectifs à se manifester. Ces documents ont été conçus de manière la plus ouverte possible : pas de dossier de candidature, pas de critères ni de jury de sélection, pas de budget proposé, pas de nombre de projets maximal affiché. L’annonce des grandes thématiques accompagnées de quelques exemples ont permis de cadrer la demande. Les projets proposés par des groupes d’habitants ont été de ce fait très variés : conception de panneaux d'interprétation, réhabilitation d'un chemin de promenade, réalisation d'une expo photos sur la biodiversité, aménagement de jardins partagés, création d'une association d'éducation à l'éco-citoyenneté, etc. L'équipe proposait un accompagnement individuel et personnalisé qui pouvait aller de l’animation des réunions à l’aide à la recherche de financements ou de partenaires en passant par la conduite de formation ou la co-production de supports de communication. Les initiatives locales ont été valorisées via divers supports : plateforme internet, portraits, fiches expériences, vidéos témoignages… Si l’accompagnement était assuré en grande partie par l’équipe du projet “Terre en Action”, des spécialistes ont été amenés à intervenir ponctuellement sur des sujets précis pour lesquels les compétences internes n’étaient pas suffisantes. Dans le but de permettre les rencontres et les enrichissements réciproques des porteurs de projets (inspiration, soutien, collaboration…), des moments de rencontres et d'échanges transfrontaliers ont été organisés. Des soirées mensuelles « Trucs et Astuces » permettait de se former aux pratiques collaboratives; des forums ouverts proposaient de débattre collectivement de sujets divers; des journées ou soirées de rencontre des initiatives citoyennes faisaient découvrir des projets et des outils utiles au quotidien; des ateliers « observons nos paysages, racontons notre territoire » invitaient les participants à faire découvrir leurs quartiers. Ces occasions de créer du lien ont permis de commencer à constituer un réseau transfrontalier de “Citoyens en Action”. Afin de partager les acquis cumulés pendant les quatre années du projet dans une logique de leur pérennisation et de leur essaimage, toutes les productions et ressources utilisées sont mises à disposition sur le site internet du projet en licence libre. Un parcours d'auto-formation en ligne a été imaginé et assure la continuité du service après la fin du projet. Enfin, plusieurs moyens de valoriser et faire connaître ces initiatives ont été utilisés : des week-ends portes ouvertes qui offraient la possibilité aux collectifs et associations de faire connaître leurs actions au sein de leur village; un espace vitrine sur le site internet avec les portraits des porteurs de projets, leurs actualités et leurs fiches expérience; une communication régulière via les lettres d’information et les réseaux sociaux. Le deuxième grand axe du projet portait sur le développement d'un réseau transfrontalier d'éco-jardiniers (plus de 450 jardins partagés ou privés gérés sans produits chimiques) et de 1145 « Enquêteurs du jardin » (des volontaires qui recensent la biodiversité de leur jardin sur les plateformes de comptage en ligne). Pour ce faire, des outils (site internet collaboratif, kits pédagogiques, panneaux) et des évènements ont été mis en place avec des partenaires locaux pour favoriser la connaissance et les échanges entre les membres du réseau : stands, animations, conférences, visites, remises des diplômes, formations, journées de comptage. Après un programme sur les oiseaux des jardins en 2018, ce sont les insectes pollinisateurs qui ont été mis à l'honneur en 2019 et les escargots en 2020. Le troisième axe consistait à organiser une série d'événements mobilisateurs pour faire découvrir le territoire transfrontalier et sensibiliser à l’éco-citoyenneté. Outre les moments de rencontre entre habitants des réseaux cités plus haut, des manifestations festives “grand public” ont eu lieu. D’abord à l’occasion des anniversaires des deux Parcs naturels (20 ans et 50 ans) Ces moments festifs ont été l'occasion de mobiliser et de faire connaître des acteurs locaux français et belges d'horizons divers (associations, artistes, producteurs locaux, entrepreneurs, habitants passionnés). Ce sont les valeurs portées par les Parcs naturels et leurs partenaires qui ont été véhiculées au travers d’expositions, d’ateliers, de visites et de spectacles auprès de plus de 2000 habitants. Un rallye vélo a été organisé en 2019 pour faire découvrir le patrimoine transfrontalier et son histoire à des groupes d’amis et des familles. Les participants ont pu s'arrêter au fil du parcours pour répondre à des énigmes sur les thématiques de la biodiversité et du paysage répertoriées dans un carnet de route ou pour réaliser des épreuves ludiques animées par des associations. La portée transfrontalière de l’ensemble des actions conduites dans le cadre du projet “Terre en Action” a montré sa plus value de nombreuses façons. Le rapprochement d’habitant français et belges (à la fois au niveau des équipes des opérateurs et du public cible du projet) a permis de faire naître : des envies de mieux se connaître. Les habitudes de vie et la manière de mener des projets sont en effet différentes. Leur partage permet de mieux se comprendre et de mieux travailler ensemble. des collaborations sur des projets rassemblant les mêmes besoins, notamment en valorisant l’histoire commune qui a façonné le paysage. des découvertes des initiatives et des paysages de l’autre côté de la frontière. Il y a plus de déplacements des habitants de part et d’autre de la frontière, qui n’avaient pas lieu spontanément. Les échanges franco-belges ont donc été démultipliés grâce aux outils mis à disposition et aux moments de rencontre et de formation. Les habitants du Parc naturel transfrontalier du Hainaut ont pu partager leurs expériences, leurs savoirs et savoir-faire, mais aussi leur volonté d'agir et les questions qui y sont liées également à l’occasion d’une soirée numérique et de l’événement de clôture en 2020. Le projet a finalement permis aussi aux habitants de chaque versant de prendre l'habitude de regarder au-delà de la frontière, pour mieux connaître le patrimoine naturel, culturel et paysager, et pour créer des collaborations durables.